Le poème "Memos", qui date de 1976, fait partie de la série Stelegramas  (Stèlegrammes) publiée dans Viva vaia, livre paru en 1979, qui rassemble les poèmes d’Augusto de Campos réalisés jusqu’à cette date.

En ce qui concerne les lignes, la convention consiste à recourir à un caractère typographique différent pour chacune. Au milieu de cette diversité de caractères s’en trouve un de type manuscrit, que l’on rencontre dans d’autres poèmes d’Augusto de Campos, mais dont l’emploi peut paraître surprenant dans ce genre de poésie. Sa présence n’est cependant pas due au hasard. Selon le contexte où il apparaît, on doit le  comprendre en effet soit comme une intervention ironique du sujet-auteur dans le poème, soit comme un éclairage critique apporté aux valeurs supposées d’« écriture » attribuées à la typographie.

 

Confrontées l’une à l’autre, la régularité de la distribution des styles typographiques et celle du nombre de lettres par colonne semblent en opposition,  le critère qui préside à la seconde faisant apparaître comme arbitraire celui qui régit la première.

 

Ce conflit transpose en termes graphiques la thématique du poème, qui évoque une mémoire impuissante devant le temps qui passe. La seule fois où l’on rencontre le même caractère typographique employé parallèlement dans les trois colonnes, c’est pour lire le mot "mémoire", scindé en deux entre la première et la troisième colonne.  Entre ces deux fragments se place le verbe latin mori : « mourir ».

 

 

consulter :

- La poésie concrète brésilienne par Júlio Castañon Guimarães

- Exposition virtuelle Augusto de Campos

Le poème se compose de trois colonnes formées de mots ou de fragments de mots qui se succèdent d'une ligne à l'autre sans espace entre eux ni indication de partition. Le seul critère lexical est le nombre de lettres par colonne. Chaque ligne comporte en effet quatre lettres qui – si l’on excepte la première ligne de la colonne de gauche – ne forment pas réellement un mot, car il  peut s’y trouver des lettres appartenant au mot de la ligne précedente et d’autres qui appartiennent à celui de la ligne suivante.

C’est ainsi que les premières lignes de la colonne de gauche comprennent les mots « como parar este instante luz » [comment arrêter cet instant lumière] mais devenus, du fait de cette convention : « como para rest eins tant eluz ».

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 CEEI – CENTRE D'ÉTUDE DE L'ÉCRITURE ET DE L'IMAGE  I  UNIVERSITÉ PARIS DIDEROT - PARIS 7